Vivre dans la rue avec son animal de compagnie, c’est relever les défis ensemble, à chaque instant

L’inclusion urbaine des sans-abris et de leurs animaux a récemment fait l’objet d’une conférence à l’initiative de Mars Petcare et animée par Katia Renard, rédactrice en chef de 30 Millions d’Amis. Lors de ce nouveau « Rendez-vous de l’Animal en Ville », les intervenants ont fait part de leurs ressentis et de leurs solutions afin de tenter d’améliorer la situation.

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Le sans-abri et son chien ne font qu’un. Leur relation fusionnelle, souvent décriée dans la culture populaire, permet pourtant aux sans-abris de mieux gérer les difficultés du quotidien. Mais la présence de leur chien peut parfois, contre toute attente, être un frein dans le retour à la vie sociale. 4 intervenants en ont fait le constat et proposent des solutions pour leur rendre la vie meilleure. Parmi eux, on retrouve Christophe Blanchard, docteur en sociologie ; Yohann Sévère, président de la Fédération Gamelles Pleines ; Ana Alkan, étudiante chez VetAgro Sup, à Lyon ; et Giovanni Recchia, conseiller municipal à Melun en charge de la condition animale.

Le sans-abri et son chien forment une sous-catégorie de grands errants

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Photo d'illustration

À l’inverse des autres personnes de la rue, Christophe Blanchard appelle les sans-abris y vivant avec un chien des « prisonniers de la ville », puisque l’accès aux structures d’accueil leur est souvent interdit à cause de la présence de leur animal. Même si ce phénomène tend à se réduire, il empêche encore bon nombre d’entre eux de se réinsérer dans la vie sociale.

Les sans-abris avec animaux doivent subir bon nombre de stéréotypes à leur égard, que le sociologue juge faux. Il estime que « beaucoup devraient s’inspirer du soin qu’ils prennent de leur animal ». La relation entre un sans-abri et son chien est fusionnelle, car elle se construit dans un environnement hostile, où le chien apporte un soutien précieux à son maître et comble ses carences affectives. Il veille à sa sécurité, lui apporte chaleur en hiver et suscite par ailleurs l’attention bienveillante des passants.

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Y-a-t-il un profil particulier de « chien de rue » ? La réponse du sociologue est oui. Il estime même que ce sont le plus souvent des chiens croisés d’apparence Berger, au caractère avenant et sociable.

Le chien de rue est souvent perçu comme une victime que l’on voudrait soustraire de son bourreau, or la réalité est toute autre. Dans l’imaginaire collectif, un sans-abri peu soucieux de son bien-être n’apportera pas plus d’importance à la santé de son chien. Et pourtant, comme le souligne Yohann Sévère, président de Gamelles Pleines, les sans-abris privilégient largement le bien-être de leur animal au leur.

Faire preuve d’écoute et de bienveillance

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Gamelles Pleines

L’association Gamelles Pleines, comme son nom l’indique, donne des croquettes aux chiens de rue depuis près de 15 ans. Mais pas que. Avec le temps, les bénévoles ont crée un lien de confiance avec les sans-abris, souvent méfiants à force de vivre dans des lieux hostiles, à tel point qu’ils refusent parfois d’amener leur chien chez le vétérinaire. Comme le résume Yohann Sévère, « la relation homme-animal est essentielle, et encore plus dans la précarité ».

Malgré les obstacles, l’association peut se féliciter de réussir à venir en aide chaque année à des milliers de sans-abris et leurs chiens en leur permettant, entre autres, de se nourrir et de se loger. Leurs relations avec des partenaires, comme Vétérinaires Pour Tous, permet aussi d’assurer les soins des animaux.

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Gamelles Pleines

Un combat qui se poursuit avec l’arrivée prochaine d’un guide numérique, à destination des publics précaires et de ceux qui souhaitent les soutenir, qui recensera toutes les structures pouvant les accueillir. Le projet, mené en lien avec la Fondation Brigitte Bardot, vise à améliorer la prise en charge des sans-abris et de leurs animaux, et à pousser d’autres structures à suivre le mouvement.

Travailler main dans la main

Ana Alkan, étudiante chez VetAgro Sup, est à l’initiative du Bus Balto. Né au sein d’une association étudiante puis intégré au cursus universitaire, le bus vétérinaire et solidaire parcourt Lyon et sa périphérie depuis mai 2022, et vient en aide aux sans-abris et leurs animaux. Un projet itinérant qui permet d’être au plus près des personnes concernées.

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Tout Lyon

Le bus est divisé en 2 parties : un espace vétérinaire tout équipé dédié aux soins des animaux, et un espace de soutien où le sans-abri peut échanger avec un travailleur social. Pendant qu’il travaille à sa réinsertion, le sans-abri peut garder un œil sur son animal, car les deux espaces sont séparés par une porte coulissante dotée d’une fenêtre. Ce travail collaboratif et cette attention particulière respectent les craintes que peuvent ressentir les maîtres.

L’opération associative rencontre un franc succès chez les sans-abris mais aussi chez les étudiants vétérinaires, qui abordent une vision plus sociétale de leur métier. Ils y exercent principalement une médecine préventive (vaccination, identification), mais sont aussi équipés pour traiter les pathologies dermatologiques, et doivent parfois rassurer des maîtres inquiets du poids de leur chien, qui en général est tout à fait dans la norme.

La clé de la prise en charge, c’est « l’hébergement conjoint »

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Le Parisien

L’association Le Sentier, dont Giovanni Recchia est membre, a récemment ouvert le premier accueil de jour à Melun pour les sans-abris et leur chien. Ce Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale dispose d’un chenil, où les chiens peuvent se désaltérer et se nourrir, ou se réfugier dans un box cadenassé dont seul le maître a la clé.

Rassuré de savoir son animal entre de bonnes mains, le sans-abri peut en profiter pour réaliser certaines démarches administratives utiles à sa réinsertion, puisque le Centre fait aussi office de domiciliation. L’association peut compter sur les dons de croquettes des Melunais ainsi que sur la présence de la Fondation Assistance aux Animaux, et prévoit quelques améliorations de ses locaux, notamment la création d’un espace dédié au lavage de l’animal.

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