Ce spécialiste suggère de voir la promenade du chien autrement, en s'imaginant à l'autre bout de la laisse

Adopter le point de vue du chien. C’est ce que le professeur Marc Bekoff suggère aux propriétaires canins pour faire en sorte que les promenades deviennent plus agréables. Ces dernières sont des moments qui appartiennent d’abord à l’animal, souligne le spécialiste.

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Les chiens ne peuvent se passer de leurs promenades quotidiennes, voire biquotidiennes ou peut-être même plus pour certains. Ils en ont besoin à plusieurs égards ; aller aux « toilettes », bien sûr, mais aussi et surtout se défouler, se dépenser, jouer, faire des rencontres et stimuler leurs sens.

Beaucoup de maîtres l’oublient ou sont trop pressés. Les sorties sont écourtées, se limitant parfois au tour du pâté de maisons et à de simples pauses pipi, ce qui engendre bien des frustrations chez l’animal. Ces balades doivent être recentrées sur le chien, rappelle Marc Bekoff dans un article paru dans Psychology Today le 29 mai 2022.

Professeur émérite, spécialiste de l’écologie et de la biologie évolutive à l’Université du Colorado, il est également le cofondateur, avec Jane Goodall, du groupe Ethologists for the Ethical Treatment of Animals (Éthologues pour le traitement éthique des animaux). Il explore ainsi des visions alternatives de la compréhension animale, notamment canine.

Récemment, il a eu une profonde réflexion au sujet des différentes manières qu’ont les propriétaires de promener leur chien. Il s’est dit qu’il était peut-être temps d’envisager ces sorties différemment, de les recentrer sur le canidé, justement, et d’adopter son point de vue durant ces balades.

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Se placer de l'autre côté de la laisse

Si le professeur Bekoff s’inspire, entre autres, des travaux de Jessica Pierce, qui recommande de donner plus de latitude aux chiens dans divers aspects de sa vie, une affiche postée sur le net et teintée d’humour a attiré son attention. Celle-ci énumère 7 principes à appliquer lors des promenades et pour lesquels les rôles sont inversés. Le maître se retrouve à l’autre bout de la laisse :

1. Permettez à votre humain de s'attacher à vous par la laisse. Cela l’empêche de se poser des questions ou de s'enfuir.
2. Votre humain aura probablement besoin de pauses. Soyez prévenant, arrêtez-vous fréquemment et reniflez.
3. Aboyez fréquemment. Les humains n’ont qu’une courte capacité d'attention.
4. Lorsque vous faites vos besoins, éloignez-vous. Si vous avez correctement éduqué votre humain, il ramassera. Cela lui fera de l’exercice.
5. De temps en temps, traînez votre humain aussi vite que vous le pouvez. C'est ce qu'on appelle l'entraînement par intervalles.
6. Ne laissez pas votre humain abréger la promenade. Il est paresseux. Asseyez-vous pour protester s’il le faut.
7. Une fois de retour chez vous, autorisez votre humain à retirer sa laisse, puis léchez lui le visage plusieurs fois. C'est une forme de renforcement positif, pour un travail bien fait.

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Encore une fois, ces « règles » sont à prendre au second degré, mais elles ont le mérite, selon Marc Bekoff, de remettre les besoins du chien, ses sentiments et son bien-être au premier plan.

Le professeur a également réalisé une petite enquête, observant et étudiant l’attitude de 100 personnes pendant qu’elles promenaient leur chien dans les rues de Boulder (Colorado). Il a ainsi relevé que 78 d’entre elles contrôlaient totalement leur animal, tirant fermement sur la laisse ou réorientant son museau, leur disant d’arrêter de faire ceci ou cela. Elles ne le laissaient ni renifler, ni chercher l’origine d’un son qui suscitait son intérêt.

10 maîtres se montraient plus passifs, laissant leur chien faire ce qu’il voulait de temps à autre. Et les 12 autres accordaient une bien plus grande liberté à leur compagnon à 4 pattes, lui offrant la possibilité et le temps d’humer l’herbe, s’asseoir et explorer son environnement.

« Laissez-les montrer la voie »

Marc Bekoff a pu discuter avec 20 de ces personnes et leur a exposé les 7 principes cités plus haut, en les incitant à s’imaginer à l’autre extrémité de la laisse. Toutes lui ont dit que cela les faisait réfléchir un peu plus à la façon de promener leur chien à l’avenir et à son bien-être.

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Pour le professeur, il est essentiel de garder à l’esprit que la promenade et les jeux sont faits pour le chien. Ce sont SES moments, insiste-t-il. Le rôle du maître, c’est de faire en sorte que ces sorties soient réellement amusantes, enrichissantes et excitantes pour l’animal.

« Laissez-les montrer la voie, choisir où aller (en donnant la priorité à la sécurité) et la vitesse à laquelle ils souhaitent marcher (pas plus vite que vous ne pouvez marcher ou courir confortablement) », conseille Marc Bekoff. Cela permet aussi de mieux connaître et étudier la démarche de l’animal, et ainsi détecter d’éventuels changements pouvant alerter de la présence de troubles musculo-squelettiques ou neurologiques. Il s’agit aussi d’en « savoir plus sur son chien en tant qu’individu […], sur ce qu’il veut et ce dont il a besoin lorsqu’il est censé s’amuser », ajoute-t-il.

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