« Quelles sont les nouvelles causes de l'abandon et comment lutter contre ? » : Les réponses des invités du dixième Rendez-vous de l’Animal en Ville

Le 10e Rendez-vous de l’Animal en Ville, organisé par Mars Petcare et animé par Katia Renard, avait pour thématique l’abandon des animaux de compagnie. 4 spécialistes de la cause animale, confrontés toute l’année à ce drame, se sont réunis autour de la table afin de dresser un état des lieux en France et d’exposer leurs initiatives visant à éradiquer ce phénomène.

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C’est une tempête qui ne cesse de ravager les 6 coins de l’Hexagone. Chaque année, chats, chiens et autres boules de poils, sont emportés loin de leur nid douillet par des vents violents. Balayés comme de simples grains de poussière insignifiants, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes dans la nature.

Comme l’a si tristement rappelé Romain Dumas, PDG de Mars Petcare en France, lors du 10e Rendez-vous de l’Animal en Ville, 300 000 canidés et félins domestiques sont abandonnés tous les ans. Un animal subirait même cet acte de maltraitance toutes les 2 minutes. Des chiffres qui donnent le tournis…

Si certaines causes d’abandon peuvent être plus ou moins justifiées, d’autres s’avèrent injustes et révoltantes pour l’âme innocente qui le subit : achat impulsif, manque de temps, méconnaissance du comportement, difficultés économiques, etc.

En ce mois de juin, nombre de Français préparent leurs prochaines vacances au soleil, alors que les organismes de protection animale tremblent de tous leurs membres. En effet, la période estivale est régulièrement pointée du doigt par ces derniers, car elle symbolise un pic des abandons.

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Katia Renard, rédactrice en chef du magazine 30 Millions d’Amis, a tenu à rappeler aux auditeurs le nombre des premières identifications déclarées auprès de l’I-CAD en 2022 (organisme qui centralise l’identification des carnivores domestiques) :

  • 239 725 chats ;
  • 49 276 chiens ;
  • 41 854 chats libres.

Ces 330 855 animaux ont été pris en charge par les fourrières, les refuges et les associations afin d’être pucés. À cela s’ajoutent les petits poilus qui entrent dans ces structures identifiés, et qui sont abandonnés directement par leurs propriétaires.

« L’abandon de masse est-il une fatalité ? Peut-on réduire ce fléau qui semble chaque année toujours plus tragique ? Quels sont les animaux qui en pâtissent le plus ? » Pour en débattre, la journaliste a interviewé 4 spécialites : Christelle Libert, élue à la municipalité de Lille en charge de la cause animale ; Clara Fonteneau, chargée de projet à la SACPA et ambassadrice de la Fondation Clara ; Stéphane Lamart, président fondateur de l’association éponyme ; Thierry Bedossa, docteur vétérinaire spécialiste du comportement et président du refuge d’AVA.

Aider les populations les plus démunies à préserver la santé et le bien-être de leurs animaux

Le constat est le même quasiment partout : les abandons d’animaux de compagnie connaissent une recrudescence. Dans la capitale des Hauts-de-France, le taux de récupération à la fourrière est passé de 60 % à seulement 38 % en début d’année.

« On a une population qui peut être très vite touchée par les phénomènes d’inflation, souligne Christelle Libert, les prix de la nourriture pour animaux de compagnie se sont envolés. »

Ainsi, la ville a réalisé un appel à projet auprès des associations locales dans le but de proposer des prestations de soins vétérinaires, d’identification et de stérilisation pour les fidèles compagnons des personnes les plus démunies.

En outre, Lille a mis en place une collaboration intéressante entre les associations et les commerçants, afin de distribuer des aliments pour animaux aux particuliers. Quand l’occasion se présente, des commerçants débloquent leurs stocks et se séparent de leurs surplus en les redistribuant aux propriétaires en difficulté.

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La situation dramatique des Malinois et des Molossoïdes

La SACPA – entreprise privée qui gère pour les collectivités locales conventionnées la prise en charge des animaux divaguant sur la voie publique – et les plus grandes associations de France, comme la SPA, la Fondation Brigitte Bardot ou encore 30 Millions d’Amis, ont alerté les pouvoirs publics via une saisine sur la situation inédite de certains canidés.

« Les fourrières et les refuges sont pleins à craquer de Malinois et de Molossoïdes, déplore Clara Fonteneau, en 2020, on a rentré 1 200 Malinois. En 2022, on en a récupéré 1 800. Qu’est-ce que ça va donner cette année ? »

Effet de mode, méconnaissance des besoins de la race, préjugés… Il existe différentes raisons possibles pour lesquelles ces types de chiens restent (trop) longtemps au sein des collectivités.

« Les Malinois ont beaucoup d’énergie et ont besoin d’une éducation de qualité. Ils ne supportent pas la vie en box et leur comportement peut se dégrader, explique la chargée de projet à la SACPA, le problème, c’est qu’il y a déjà trop de chiens dans les refuges. Nos fourrières gardent souvent les animaux au-delà du délai de garde légal [8 jours ouvrés]. En moyenne, un Malinois passe pratiquement 50 jours dans certaines de nos structures. »

Hélas, les chats ne sont pas épargnés non plus par le sempiternel fléau de l’abandon. Trop peu de représentants de la gent féline sont identifiés. Or, il s’agit d’un acte obligatoire en France.

La Fondation Clara a établi des conventions avec certaines villes, pour effectuer des campagnes de gestion de chats libres (capture, stérilisation, identification et relâche). « En règle générale, il y a un îlot et une personne désignée pour les nourrir », précise Clara Fonteneau.

Faire avancer la loi

L’association Stéphane Lamart est également connue pour venir en aide aux animaux maltraités. Par ailleurs, elle essaye de faire évoluer la législation en matière de protection des droits des animaux. Parmi ses faits d’armes, citons la loi votée à l’Assemblée nationale contre les manèges à poneys, ou encore celle pour la création d’un fichier national des individus condamnés par la justice pour maltraitance animale.

Toutefois, sauver des chats, des chiens et autres boules de poils coûte cher. « On paye 180 000 euros de frais vétérinaires chaque année pour les animaux qu’on saisit et qu’on récupère également de la fourrière, indique le président de l’association, lorsqu’un animal est saisi, il reste un certain temps dans un refuge ou une association, qui ne peut pas le faire adopter pendant la procédure. »

Il poursuit : « L’article 99-1 du Code de procédure pénale permet d’écrire au président du tribunal et de lui demander la garde de l’animal avant l’audience, mais il faut le justifier par des certificats vétérinaires, etc. Il faudrait qu’une loi naisse pour préconiser une action rapide, car on travaille sur du vivant. »

Décatégorisation et traumatisme de l’abandon : explications

Le webinaire, diffusé en direct sur la plateforme Zoom jeudi dernier, s’est terminé avec l’intervention du docteur vétérinaire Thierry Bedossa. En plus de rappeler en détail les lois concernant les chiens de catégorie 1 (dits « d’attaque ») et 2 (dits « de défense »), il a expliqué le principe de décatégorisation.

Aussi appelé « diagnose », cet examen morphologique est réalisé sur un chien (Tosa, Rottweiler, Pitbull…) par un vétérinaire agréé. Le déclassement est envisageable, si l’animal sort des critères de la loi.

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En outre, le président du refuge d’AVA a abordé le thème du « traumatisme de l’abandon » : « En presque 40 ans de carrière dans la protection animale, dans la médecine vétérinaire et comportementale, je n’ai constaté qu’un seul cas de chien traumatisé, malgré la qualité de prise en charge journalière, qui a fait une vraie dépression et s’est laissé mourir. Il avait 18 ans. »

D’après l’expert, « si la configuration des lieux permet une qualité de vie au quotidien » et si « le personnel soignant ainsi que le directeur de la collectivité possèdent le niveau de compétences et de bienveillance nécessaires », alors « il n’y a pas de traumatisme de l’abandon ».

Toutefois, il est à noter que la captivité peut constituer un facteur de souffrance pour nos amis félins, dont « l’écrasante majorité descend de chats ayant vécu libres ».

1 commentaire

  • Invité

    Invité a écrit : 26/06/23

    un animal fait partie intégrante de la famille. C'est un ETRE VIVANT !!!! si on est pas capable d'avoir un animal, de le nourrir, de l'aimer, de lui donner un toit, on ne prend pas un animal. L'abandon n'est pas assez puni. Il faut créer un Ministère des Droits de l'Animal et surtout condamner un maximum ce qui maltraite, abandonne leur animal dans toutes les circonstances !!! je crains le pire en ce début d'été

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