Chloé Fesch,
co-gérante de Canidélite, éducatrice canin, formatrice et auteure

Je ne me suis jamais séparée de mon animal

Chloé Fesch

Chloé Fesch

« Éducatrice canin depuis 2009, j’ai toujours souhaité aider les maîtres à mieux vivre avec leur chien. Aujourd’hui formatrice et auteure, je prône à travers mes vidéos, livres et formations, le choix d’une éducation positive et respectueuse. En perpétuelle évolution, je suis convaincue que c’est en formant les maîtres que nous parviendrons à avoir des chiens heureux. »

Avez-vous déjà eu à vous séparer de votre animal de compagnie ?

Chloe Fesch

Non, je ne me suis jamais séparée de mon animal. Dans le cadre de mon travail, j’ai déjà été amenée à proposer des placements, mais cela se met en place de façon adaptée et sur mesure. Les placements ne se font pas en refuge, mais nous trouvons une famille d’accueil ou une famille d’adoption qui correspondra au chien à placer.

Quelles sont les raisons qui, selon vous, poussent les maîtres à s’en séparer ?

On constate que les principales raisons qui poussent les personnes à les délaisser sont une incompatibilité entre maître et animal, notamment en ce qui concerne l’aspect physique, les besoins de l’animal, son caractère, etc.

Également, il se peut que l’incompatibilité soit due à de mauvais conseils. Par ailleurs, les refuges peuvent tout autant refuser une adoption lorsque les potentiels maîtres ne possèdent pas de jardin. Et c’est une fausse idée, car un chien seul en jardin est souvent moins heureux qu’un chien en appartement, sorti régulièrement et entouré.

Comme le démontre cette étude Ifop pour Woopets, les abandons sont tristement connus pour se produire au moment des départs en vacances. Adopter un animal est aussi contraignant sur certains aspects, dans ce sens une sensibilisation est souvent nécessaire avant l’adoption.

Considérez-vous que les animaux domestiques ressemblent à leur maître ?

Le fait de ressembler à son animal est plutôt un biais inconscient lors du choix de ce dernier. En effet, c’est principalement le critère physique qui prime sur le caractère, ensuite naturellement les futurs maîtres vont avoir tendance à se diriger vers des animaux qui ont les mêmes traits de caractère. Ainsi une personne calme, n’adoptera pas un animal énergique, de même qu’une personne câline, aimant le contact, aura tendance à aller vers un animal qui aime se laisser caresser.

Le chien, notamment, est constamment en train de s’adapter à son environnement. Bien qu’il existe une part d’inné, comme les instincts liés à sa génétique, sa race, etc. il évolue principalement grâce à l’éducation qu’on lui donne dès le plus jeune âge et tout au long de sa vie.

Justement, en parlant de trait de caractère, quel genre de maîtresse pensez-vous être avec vos animaux ?

Pour moi, vivre avec des animaux c'est savoir se remettre en question. Mes chiens m'ont permis d'améliorer ma capacité d'adaptation. Pour vous donner un exemple, si l'un de mes chiens ne réalise pas une de mes demandes, je ne vais pas me fâcher ou en conclure qu'il est têtu. Je vais plutôt me demander ce que je peux faire pour travailler ce comportement différemment en m'adaptant davantage à mon chien et à son niveau actuel.

Sensibiliser la population aux problèmes liés à l’abandon et à la maltraitance

Pourriez-vous dire que posséder un animal de compagnie vous amène à faire preuve de responsabilité et de vigilance ?

En effet, les personnes ont de plus en plus conscience du niveau de responsabilité que représente l’adoption d’un animal de compagnie. D’autant plus que cela représente tout de même un investissement important en termes de budget et de temps. Les futurs maîtres ont une véritable volonté de partager des moments de complicité avec leur animal, qui est souvent vecteur de lien social. On remarque d’ailleurs que pour les personnes âgées, la présence d’un animal de compagnie est bénéfique à leur bien-être, à l’hygiène et à leur rythme de vie.

Comment définiriez-vous les personnes qui abandonnent leurs animaux ?

C’est principalement un manque d’empathie qui va pousser telle ou telle personne à abandonner son animal de compagnie. Il convient tout de même de faire une distinction entre “abandon” et “placement”.

La vie peut nous conduire à nous séparer de notre animal, mais cela peut être fait intelligemment et en respectant le bien-être de son chien.

Certaines personnes se séparent de leur animal pour de bonnes raisons : n’arrivant pas, selon eux, à rendre l’animal heureux, ils préfèrent s’en séparer dans l’espoir de lui offrir un meilleur environnement, où il pourra s’épanouir davantage.

Comment expliquez-vous le choix de certains maîtres d’acheter plutôt que d’adopter un animal de compagnie ?

En fonction des besoins du maître, il peut être intéressant d’avoir une génétique particulière. Un profil sportif aura tendance à vouloir un animal sportif, pour pouvoir l’accompagner dans ses activités, et partager avec lui ses moments d’apprentissage. Il est donc préférable d’acheter un chien dont la génétique est spécifique au besoin et rythme de son maître.

Au contraire, pour les chiens de famille, l’adoption en refuge est à conseiller. Le stéréotype du chien de refuge comme étant un “chien à problèmes” n’est pas fondé !

Toutefois, lors de l’adoption, une chose à prendre en considération est que le contexte du refuge ne permet pas de connaître totalement le chien, qui peut avoir un comportement différent lorsqu’il intègre l’environnement de son nouveau maître.

Êtes-vous favorable à une législation plus stricte concernant les actes de cruauté et d’abandon ?

Il existe des sanctions prévues pour les cas de maltraitance, mais qui sont rarement appliquées et donc peu dissuasives. Il est en effet très compliqué d’enquêter sur des cas de maltraitance ou d’abandon, bien que la SPA peut parfois faire pression pour récupérer l’animal. Il faudrait donc renforcer ces mesures, et mettre en place de véritables sanctions dissuasives pour réduire ces mauvais comportements.

Pour exemple, dans certains pays nordiques, les propriétaires ont l’interdiction de laisser leur animal seul dehors à cause du froid, sous peine de sanction.

Également en augmentant les mesures de prévention, afin de sensibiliser la population à ces problèmes liés à l’abandon et à la maltraitance.

Chloé Fesch

Il faut aimer son chien et le comprendre avec le plus de justesse possible

L’obtention obligatoire d’un permis d’adoption et le passage d’un test d’aptitude préalable à l’adoption seraient-ils des solutions à mettre en oeuvre ?

L’obligation d’avoir une formation préalable serait déjà un bon point de départ. Mais le véritable problème, c’est qu’il n’y a aucune charte qui répertorie les bons conseils ou comportements à adopter vis-à-vis des animaux de compagnie. Réglementer n’est pas chose facile, et cela s’applique à toute la chaîne des métiers touchant à l’animal de compagnie.

Avant de prévoir vos congés, est-ce que vous prenez en considération la garde et le bien- être de votre animal ?

Personnellement, oui, je fais très attention. Et c’est ce qui se passe en général : les maîtres n’aiment pas laisser leurs animaux en box, et préfèrent généralement les confier à des personnes de confiance telle que la famille ou les amis, ce qui permet également de faire des économies. Il existe également une belle alternative via les pensions familiales permettant de garder son animal chez soi ou dans la maison du pensionnaire.

Votre animal de compagnie est-il un membre à part entière de votre famille ?

Il y a en général un lien affectif très fort avec l’animal, qui représente un choix et non un besoin. L’animal ne doit pas être une contrainte. Trop d’affect peut amener à des dérèglements de part et d’autre. On remarque ainsi, chez certains couples sans enfants, que l’attachement est très fort vis- à-vis de leur animal, qu’ils considèrent comme l’enfant qu’ils n’ont pas encore.

Ce déferlement d’amour peut parfois engendrer des troubles du comportement comme de l’anxiété de séparation ou une surprotection. Il est nécessaire de donner de l’amour à son compagnon, mais il faut également faire attention à ne pas trop le materner, et lui laisser une part d’indépendance pour ne pas le rendre malheureux en votre absence.

En résumé, il faut aimer son chien et le comprendre avec le plus de justesse possible sur ce qu’il est vraiment, et non ce qu’on voudrait qu’il soit.

Est-ce que vous communiquez avec vos animaux ?

Il est nécessaire d’apprendre à communiquer avec son animal de compagnie. Le chien par exemple est un animal qui communique avec ses congénères, mais aussi avec nous. Il faut savoir distinguer et reconnaître notamment les signaux d’apaisement chez son animal, ce qui permet de mieux s’y ’adapter. Adopter un animal c’est avant tout être ouvert d’esprit, curieux, et avoir la volonté de s’ouvrir à une nouvelle espèce.

Quels sont vos projets actuels ou futurs ?

Au sein de ma société Canidélite, nous développons des centres d'éducation et de sports canins et aussi un centre de formation au métier d'éducateur canin. En parallèle, nous avons lancé des formations en ligne. Non pas éduquer les chiens via un ordinateur, mais bien pour permettre aux maîtres de se former et de mieux comprendre leur animal avec plus de facilité.

Chloé Fesch
Dans le futur, je souhaite continuer d'offrir le meilleur à ma communauté, je vais donc continuer à produire des vidéos sur ma chaîne YouTube et avec mon équipe, nous continuerons d'alimenter notre blog. Pour finir, nos connaissances sur les chiens évoluent constamment, c'est pourquoi avec mon équipe, nous sommes continuellement en formation. Je vais aussi continuer à me former afin de transmettre et partager ma passion au mieux.